Le château d’If est une forteresse (plus tard une prison) située sur l’île d’If, la plus petite île de l’archipel du Frioul située en Méditerranée à environ 1,5 kilomètre au large dans la baie de Marseille, dans le sud-est de la France. Il est célèbre pour avoir été l’un des décors du roman d’aventures d’Alexandre Dumas, Le Comte de Monte-Cristo.
L’Île d’If
L’île d’If mesure 3 hectares (0,03 km2) et est située à 3,5 km à l’ouest du Vieux-Port de Marseille. Toute l’île est fortement fortifiée ; de hauts remparts avec des plates-formes de tir surmontent les falaises qui s’élèvent abruptement de l’océan environnant. Hormis la forteresse, l’île est inhabitée.
La forteresse
Le « château » est un bâtiment carré de trois étages de 28 m de long de chaque côté, flanqué de trois tours avec de grandes embrasures de canon. Il a été construit en 1524-31 sur ordre du roi François Ier qui, lors d’une visite en 1516, considérait l’île comme un lieu stratégique important pour défendre le littoral contre les attaques maritimes.
La principale valeur militaire du château était de nature dissuasive ; il n’a jamais eu à repousser une attaque réelle. C’est en juillet 1531, lorsque l’empereur romain Charles Quint se prépara à attaquer Marseille, qu’il fut le plus proche d’une véritable épreuve de force. Mais il abandonna le plan d’invasion.
Cela aurait pu être heureux, compte tenu des faiblesses identifiées par l’ingénieur militaire Vauban dans un rapport cinglant en 1701 : « Les fortifications ressemblent au rocher, elles sont entièrement rendues, mais très grossièrement et négligemment, avec de nombreuses imperfections. L’ensemble ayant été très mal construit et avec peu de soin… Tous les bâtiments, très grossièrement faits, sont mal faits ».
Le corps embaumé du général Jean Baptiste Kléber a été rapatrié en France après son assassinat au Caire en 1800. Napoléon, craignant que sa tombe ne devienne un symbole du républicanisme, ordonne que le corps reste au château. Il y resta pendant 18 ans jusqu’à ce que Louis XVIII accorde à Kléber une sépulture digne de ce nom dans sa ville natale de Strasbourg.
La Prison
La situation isolée et les dangereux courants marins du Château d’If en faisaient une prison idéale, à l’épreuve des évasions, tout comme l’île d’Alcatraz, en Californie, à une époque plus récente. Son utilisation comme dépotoir pour les détenus politiques et religieux en a rapidement fait l’une des prisons les plus redoutées et les plus notoires de France. Plus de 3 500 huguenots (calvinistes français) furent envoyés au Château d’If, tout comme Gaston Crémieux, un dirigeant de la Commune de Paris, qui y fut fusillé en 1871.
L’île est devenue internationalement célèbre au XIXe siècle lorsqu’Alexandre Dumas l’a utilisée comme décor pour le Comte de Monte-Cristo, publié en 1844 et largement acclamé. Dans le roman, le personnage principal Edmond Dantès (un roturier qui achète plus tard le titre de comte) et son mentor, l’abbé Faria, y sont tous deux emprisonnés. Au bout de quatorze ans, Dantès s’échappe audacieusement du château, devenant ainsi le premier à le faire et à survivre. En réalité, personne n’est connu pour avoir fait cela. Le château d’If moderne entretient un donjon grossièrement taillé en l’honneur de Dantès en tant qu’attraction touristique.
Comme c’était la pratique courante à l’époque, les prisonniers étaient traités différemment selon leur classe et leur richesse. Les plus pauvres étaient placés au fond, étant confinés à une vingtaine de cellules dans des cachots sans fenêtre sous le château. Cependant, les détenus les plus riches pouvaient payer leur propre cellule privée (ou pistoles) plus haut, avec des fenêtres, un gardien et une cheminée.
Le château aujourd’hui
L’utilisation du château comme prison a cessé à la fin du XIXe siècle. Il est démilitarisé et ouvert au public le 23 septembre 1890. Il est accessible par bateau depuis le vieux port de Marseille. Sa renommée vient du cadre du roman de Dumas, Le Comte de Monte-Cristo. Cette renommée a fait de la prison une destination touristique très prisée.
Mark Twain a visité le château en juillet 1867 au cours d’une excursion d’un mois. Il raconte sa visite dans son livre, The Innocents Abroad. Il raconte qu’un guide a emmené son groupe dans la prison, qui n’était pas encore ouverte au public, et à l’intérieur des cellules, dont l’une abritait, selon lui, le « masque de fer ». Il y a une pancarte au château qui dit « Prison dite de l’Homme au Masque de Fer », mais ce n’est probablement qu’une légende puisque le célèbre Homme au Masque de Fer n’a jamais été détenu au Château d’If.
Le château d’If est classé monument historique par le ministère de la culture.
Dans les œuvres de fiction
- Le Château d’If est célèbre pour avoir été l’un des décors du roman d’aventures d’Alexandre Dumas, Le Comte de Monte-Cristo. Cependant, d’autres lieux ont été utilisés pour représenter le Château d’If dans des adaptations cinématographiques de l’œuvre.
- Dans l’adaptation de 2002 avec Jim Caviezel, le château était représenté par la Tour Sainte-Marie à Comino, la plus petite île maltaise habitée. La tour de guet située au sommet de la falaise est visible depuis le ferry qui relie Malte à Gozo.
- La forteresse a été utilisée comme lieu où Alain Charnier alias Frog One (Fernando Rey) rencontre Devereaux (Frédéric de Pasquale) pour finaliser l’expédition de drogue vers les États-Unis dans le film policier de 1971 The French Connection.
- Dans l’épisode « Tales of Old Dartmoor » de 1956 de la série comique radiophonique The Goon Show, Grytpype-Thynne fait mettre en mer la prison de Dartmoor pour visiter le château d’If, dans le cadre d’un plan visant à retrouver le trésor du comte de Monte Cristo.
- Dans Le carnet de rubis de Laura Resau, Zeeta et Wendell visitent le Château d’If.
- Dans le roman Spartan Gold de Clive Cussler, les personnages principaux visitent le
- Château d’If dans le cadre de leur quête d’un trésor caché.
Prisonniers notables
- Chevalier Anselme (1580- ?)
- Jean Serres, huguenot
- Élie Neau, Huguenot
- Chevalier de Lorraine, amant de Philippe de France
- Jean-Baptiste Chataud, accusé d’avoir apporté la peste à Marseille (c. 1720 – c. 1723)
- Honoré Mirabeau, écrivain, orateur populaire et homme d’État (1774-1775)
- L’abbé Faria (1797- ?); son séjour au château est contesté
- Michel Mathieu Lecointe-Puyraveau, homme politique (1815)
- Gaston Crémieux, un dirigeant de la Commune de Paris (1871)
Contrairement à la croyance populaire, le marquis de Sade n’était pas prisonnier du château.